Cette exposition est, pour moi, un manifeste. Qui ne dénonce pas, mais qui annonce.
C’est le manifeste d’un changement de paradigme, c’est-à-dire de vision du monde, qui prendra toute sa place lentement mais sûrement tout au long du siècle et deviendra, un jour prochain, éclatant.
Sociologiquement, la modernité – avec le cynisme qui la caractérise – est une période historique qui s’achève. Une de ses caractéristiques est une propension à formuler de belles théories très rarement mises en application. Alors que ce qui émerge depuis quelques décennies, et annonce l’avenir, ne sépare en aucun cas la théorie de la pratique. Par exemple, si nous sommes pour l’égalité absolue des droits entre les hommes et les femmes, alors, dans toute la mesure du possible, nous l’appliquons dans nos vies.
De même dans cette série picturale mettant en avant l’importance de la tendresse comme fine pointe de l’humain dans la relation amoureuse, nulle posture intellectuelle, nulle formulation philosophique ou utopique, mais une attitude éthique réellement vécue depuis 30 ans.
Résolument tourné vers l’avenir, à contre-courant de la tendance générale de notre époque, ce travail artistique, poétique, philosophique, manifeste la force des pulsions de vie sur les envahissantes pulsions mortifères des décennies actuelles.
Dans la vieille modernité, pour attirer l’attention, un manifeste se devait de faire dans la provocation… avant de rapidement sombrer dans l’oubli. Ma position, depuis des années, est que l’œuvre, par sa force intérieure, par son souffle de vérité, s’impose en douceur et très lentement, mais s’impose profondément et durablement.
Ce travail artistique rentre dans le cadre d’une écologie de la pensée. Pour employer des termes actuels, un "développement durable" de la pensée humaine, dont l’art véritable est un des nutriments nécessaires.